UN PEU de souvenirs trans communautaires avec ANK, NICOLAS RAMBOUTS et SIMON LENSKY - lors du FESTIVAL DU MILIEU DU MOIS et pour la deux cents vingt quatrième des MILLE ET UNE TERRASSE. A peine remis de leur odyssée en Angleterre, Cayo et Matthieu Ha ouvraient une nouvelle fois leur centre de beauté culturelle au beau milieu du mois d’octobre et non à la fin comme ils en avaient l’habitude. Les deux organisateurs avaient également trouvé un juste milieu dans leur programme culturel, où étaient réunis des artistes de la communauté française de Bruxelles avec le chanteur auteur compositeur – ANK et sa bande. Et des artistes de la communauté néerlandophone d’Anvers avec NICOLAS RAMBOUTS (terrasse N°8, N°9, N°51, N°160) et SIMON LENSKY. Cet évènement voyait aussi le retour des maîtres du thé. MUSTAPHA et ALI étaient venus préparer généreusement le thé de la paix du quartier. Cela faisait depuis la Brocante que le rituel n’était pas réapparu. Aussi le centre de beauté culturelle avait recruté une nouvelle personne parmi l’équipe de la buvette sportive. Une voisine et résidente dans le quartier – ANAIDE. Etudiante aux beaux-arts, jeune marocxelloise. Ses traits du visage ressemblaient à ceux d’une asiatique. Après que le bruxellasien Matthieu Ha lui eût fait cette réflexion, la jeune femme était allée revisiter son arbre généalogique et découvrait effectivement un parent lointain originaire du Cambodge. Philip Keunen rejoignait Anaïde et lui expliquait tous les rudiments de la buvette sportive. Le prix des bières spéciales - du vin rouge et blanc – des croques monsieur – des soft – du thé de la paix du quartier et bien sûre de la soupe magique. La désormais “marocxellasienne” avait aussi eu la chance de pouvoir assister au concert de Nicolas Rombouts et de Simon Lensky – dans la terrasse intérieure - au même niveau que la buvette sportive. Et quel concert ! C’était à vrai dire - une performance avec deux musiciens chevronnés - et qui plus est - donnait la part belle à deux instruments nobles : la contrebasse de N.Rombouts et le violoncelle joué par Simon Lensky. Simon Lensky faisait sa première venue dans le Centre de beauté culturelle. Ancien membre du groupe mythique anversois et réputé dans le royaume - DAAU – le musicien avait désormais sa carrière entre ses doigts. D’origine hongroise, de père musicien, comme ses frères, il commençait la musique très tôt et avait vécu le succès précocement. Artiste d’une très grande sensibilité, il menait à bien différents projets dont celui avec NICOLAS ROMBOUTS - intitulé : “LOW LIFE”. La performance commençait à la façon d’une approche électro acoustique. Le contrebassiste Nicolas Rombout prenait appuie sur une pédale d’effet faisant apparaître des anneaux sonores transgressifs, pendant que Simon Lensky créait des tourbillonnements avec son archet sur les cordes de son violoncelle. Puis soudain, la performance prenait une tout autre tournure. Les instruments devenaient des personnages animés derrières lesquels se cachaient les deux musiciens. Le duo employait chacun leurs cordes vocales de façon à faire résonner leur instrument respectif. Soudain Nicolas Rombouts se levait tenant à bout de bras au-dessus de sa tête, son énorme contre basse. Il essayait de se déplacer au milieu de l’audience, seulement son parcours sera raccourci par le câble électrique relié à son amplificateur. Simon Lensky, à son tour, se levait essayant d’en faire autant. La performance arrivait à des moments scéniques à la fois absurde et cocasse. Les corps des deux musiciens se trouvaient dans des positions de dialogues incohérents quand leur musique gardait toujours le fil de l’histoire. L’emploi de leur voix était élémentaire, proche d’une perception amnésique du langage. Entrelacements d’une hyper sensibilité, Simon Lensky laissait apparaître sa musicalité un court instant comme un visage presque évaporé sous le ventre protecteur de la contrebasse de son partenaire. La bienveillance du contrebassiste ne pouvait que lui garantir la meilleure écoute du meilleur de leur musique. Enfin, les deux corps couchés, à peine visibles, la main de Simon Lensky réapparaissait à la surface pour débrancher le son chirurgical de son instrument. Ovation du public, la soirée ne pouvait pas mieux commencer. Cayo s’empressait de photographier les deux anversois avec ses trois appareils photographiques de trois générations différentes. Son smartphone, un appareil numérique à objectif long et un appareil analogique utilisé avec un flash. Après la pause, le public était invité à se rendre dans la terrasse sous terraine. ANK se tenait debout parmi ses compagnons : Marco Giograndi (terrasse N°94, N°165) à la guitare - Nicola Lancerotti (terrasse N°138, N°164 et N°...) à la basse - Théo Lanau(terrasse N°39, N°155) à la batterie. Le concert était d’une toute autre approche que le précédent. ANK alias Nicolas Ankoudinoff présentait des chansons françaises tirées de son dernier album : Chansons rebelles et d’amour et dont Cayo avait réalisé la vidéo officielle. L’ensemble de ANK était bien rôdé, et avait eu l’occasion de présenter pour la première fois son répertoire à UN PEU dans le cadre de FRANCOFAUNE 2019 – bien avant les MILLE ET UNE TERRASSE. Originaire du jazz et de la RUSSIE, l’auteur compositeur tenait entre ses mains un héritage moins fréquent qu'il pourrait le sembler, celui de porter la chanson française en pleine hégémonie culturelle anglophone. Depuis quasiment un siécle, la chanson française avait traversé différentes phases marquées tout d'abord par l'opérette d'Offenbach puis les grandes dramaturgiennes. C'était une période durant laquelle le concert ou le récital se faisait dans un auditorium. Le chant se déployait à la façon des techniques de chants d'opéra ou de l'art dramatique - l'orchestre était séparé dans une fosse de façon à superposer la voix du soliste. Le texte était la propriété de grands auteurs. Après guerre, le micro faisait son apparition en même temps que les instruments d'accompagnement s'électrifiaient et faisaient émerger de nouveaux modes musicaux avec une nouvelle façon de poser la voix, de danser comme de prendre position. Le rock naissait aux Etats-unis, cependant en Europe la chanson française gardera son caractère de "chant projeté" à la manière d'Edith piaf, de Jacques Brel, Tino Rossi, Luis Mariano, Mireille Matthieu, jusqu'à Serge Lama (années 80). Petit à petit cette approche laissera la place à la voix francophone américaine avec en figure de proue Céline Dion. Parallèlement le micro faisait son oeuvre, le chant d'art dramatique évoluait vers d'autres sensibilités où émergeait spleen, confidentialité, intimité, fragilité, sentimentalité, moralisme, chansons contestataires, chansons de variété, également la génération de la french touch, mais aussi la dérision totalitaire, le rap, ou encore l"anglophonisme anglobant". A travers son premier album consacré à la chanson française - Chansons rebelles et d'amour - ANK n’était pas au point d’en faire un chemin de croix mais plutôt de trouver dans la racine de son nom slave ( ANK---oudinoff ), la croix de vie de l'ancienne Egypte - clé magique et légendaire avec laquelle, il s'assurera d' ouvrir personnellement les portes de son cœur, de sa poétique, de sa vie et finalement de sa musique, comme celle de la deux cent vingt quatrième des MILLE ET TERRASSE.
Photographies translucides de Cayo van Breugel
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